Les traitements par hélicoptère contribuent à la culture biologique

Les traitements par hélicoptère contribuent à la culture biologique
Pierre-Yves Felley, Directeur de la CVA, Chambre valaisanne d'agriculture

Par Pierre-Yves Felley

Directeur d’Agrivalais,
Chambre valaisanne d’agriculture

Les plantes profitent de ce printemps précoce pour se développer vigoureusement. Mais leurs ennemis naturels les menacent déjà: champignons et ravageurs sortent de leur léthargie hivernale pour attaquer leurs plantes favorites. La vigne est la proie de plusieurs maladies fongiques. Pour la protéger, de nombreux vignerons vont faire appel aux traitements par hélicoptère. Souvent décriée car méconnue, cette technique d’application a de nombreux avantages, non seulement pour les viticulteurs, mais également pour l’environnement.

LA MÉTHODE DE TRAITEMENT LA PLUS SURVEILLÉE

L’hélicoptère est le moyen de traitement le plus réglementé et le plus contrôlé en Suisse. Deux raisons à cela: les exigences de sécurité liées à la navigation aérienne et le risque que des produits épandus atteignent des sites sensibles. Les offices fédéraux de l’aviation civile (OFAC), de l’environnement (OFEV), de l’agriculture (OFAG), de la santé publique (OFSP), de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) surveillent étroitement les traitements aériens. Ils délivrent une autorisation annuelle soumise à conditions. Pour contrer le risque de dérive des produits, ils imposent des distances de sécurité vis-à-vis des objets à protéger tels que les habitations, biotopes, cours d’eau. Les essais menés en 2019 par Agroscope sur mandat de l’OFEV ont montré qu’une application par hélicoptère occasionne hors du périmètre traité une dérive équivalente à celle mesurée lors d’un traitement effectué au sol, voire nulle.

Celui qui traite sa vigne par voie aérienne dispose d’un nombre limité de produits phytosanitaires par rapport aux traitements effectués depuis le sol. Seuls des fongicides spécifiquement homologués et autorisés peuvent être épandus. Ils sont sans danger pour les abeilles, la faune utile et la végétation aux abords des vignes. À proximité des habitations, les conditions sont encore plus sévères: la liste des fongicides autorisés est très restreinte pour exclure tout risque de santé publique. À noter que l’application par voie aérienne d’insecticide et d’herbicide est strictement interdite.

Son principal défaut reste le bruit. Mais il faut le relativiser: en quelques minutes l’hélicoptère traite de larges surfaces cultivées par des dizaines, voire des centaines de vignerons. Et il s’écoule 12 à 14 jours avant que l’hélicoptère ne revienne. A contrario, si chaque exploitant devait procéder à des applications depuis le sol, des atomiseurs ou des tracteurs seraient à l’ouvrage dans le vignoble du lundi au samedi, prolongeant d’autant les nuisances sonores. Et une nouvelle génération d’hélicoptères bien moins bruyants fait son apparition, remplaçant les Lama au bruit strident caractéristique.

DES AVANTAGES POUR LE VIGNERON ET POUR L’ENVIRONNEMENT

L’hélicoptère offre une alternative physiquement et écologiquement intéressante. D’une part, il libère le vigneron d’un travail pénible: le traitement d’une vigne en forte pente avec un atomiseur sur le dos est une activité physique éprouvante. Cet outil représente une charge supérieure à 35 kilogrammes dans des terrains d’une déclivité dépassant parfois les 60%. Une véritable torture pour le dos et les jambes!

D’autre part, l’hélicoptère permet au vigneron de prendre le risque de protéger sa culture uniquement avec des produits de l’agriculture biologique et améliore les chances de pouvoir se passer des produits de synthèse. En viticulture, le développement de la production biologique est en effet compliqué par le fait que les produits naturels perdent rapidement de leur efficacité. Ils doivent être appliqués plus souvent sur le feuillage. Ceci n’est envisageable que si le producteur peut mécaniser le traitement: dans nos vignobles en terrasses, l’hélicoptère offre cette alternative. Ainsi en 2020, plus de la moitié des surfaces traitées par voie aérienne en Suisse le sera sans phytosanitaires de synthèse.

Et les traitements par hélicoptère autorisent à aller encore plus loin dans le respect de l’environnement: ils permettent l’utilisation de traitements composés de produits naturels, tels que des macérations de prêle ou de bourdaine, des huiles essentielles de mimosa ou d’origan, des extraits de carapaces de crevettes. Des produits inoffensifs pour les êtres humains, la faune et les végétaux. L’hélicoptère participe activement au développement d’une viticulture durable!

HÉLICOPTÈRE ET DRONE SE COMPLÈTENT

Le drone comme appareil de pulvérisation est l’antithèse de l’hélicoptère: peu bruyant, mais lent, avec peu de dérive mais d’une autonomie limitée. Le drone n’est pas le concurrent de l’hélicoptère, il est son complément idéal. Sa faible dérive lui permet de traiter en longeant les habitations et les biotopes. En revanche, sa faible autonomie et sa basse vitesse d’exécution l’empêchent de rivaliser sur les grandes surfaces. L’un complète avantageusement l’autre: au drone les parchets étriqués et proches des objets dignes de protection, à l’hélicoptère l’étendue du vignoble.

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