Lutte contre les déchets sauvages

Lutte contre les déchets sauvages

L’agriculture fait sa part pour évoluer dans le sens de la durabilité. Sur certains points, la population peut également contribuer à maintenir les espaces ouverts propres et les animaux de rente en bonne santé, notamment grâce à un comportement respectueux aux abords des exploitations. Car oui, même un petit morceau d’aluminium peut tuer une vache et les conséquences pour le monde paysan sont rudes.

Entretien des paysages

La Suisse est un pays d’herbages et de montagnes qui offre de nombreux coins pour se ressourcer. L’agriculture contribue à préserver ces paysages notamment grâce à l’estivage (le fait que le bétail monte à l’alpage l’été), puisque les animaux pâturent des espaces non cultivables.

Cela a plusieurs intérêts, notamment celui de leur fournir de l’affouragement local mais également de préserver la biodiversité existante: les buissons et les jeunes arbres sont ainsi broutés et empêchent les forêts de se refermer. Si elles se refermaient, on perdrait de nombreuses espèces florales et animales qui vivent dans les prairies et autres espaces verts. Cette action contribue aussi à ce que les chemins de randonnée soient accessibles plus facilement. En Suisse, 476’677 hectares de terrain sont entretenus de cette façon. Les animaux à l’estive rendent donc un service très utile à différents points de vue et laisser des déchets sauvages peut nuire à tout cet écosystème directement.

Conséquences des déchets sauvages dans les herbages

Les vaches, les chèvres et les moutons se nourrissent quasiment exclusivement d’herbe. Il est donc important qu’elle soit de bonne qualité. Nombre de déchets sont malheureusement retrouvés par les éleveuses et éleveurs, tant en plaine qu’en montagne: restes d’emballages plastiques, bouteilles en PET, canettes, mégots de cigarettes, crottes de chiens. Le temps de dégradation de ces différents déchets est long et cause des dégâts non seulement au sol, mais également au bétail.

Prenons l’exemple d’une canette en aluminium abandonnée dans un champ. Comme bien d’autres déchets, elle finit par se retrouver prise au piège dans l’herbe haute qui est ensuite fauchée mécaniquement. Ce qui se passe est alors très simple: les machines agricoles utilisées pour faire du foin ramassent les cannettes, celles-ci sont broyées en de multiples morceaux coupants, et malencontreusement dissimulées dans le fourrage distribué aux animaux. Résultat? Ces débris, une fois ingérés, peuvent causer de graves blessures internes, voire la mort de l’animal.

L’issue n’est pas toujours fatale bien sûr, parfois une intervention vétérinaire et des antibiotiques permettent de soigner l’animal mais cela n’est pas sans conséquence pour sa santé et sa capacité de production à terme (amaigrissement, baisse de production laitière, etc.).

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Source données: Etat de Fribourg

Les chiens aussi sont un danger

Une autre thématique importante est celle des déjections des chiens. Pourquoi celles-ci représentent un risque pour le bétail?

L’explication est simple: les chiens, les vaches et les brebis n’ont pas les mêmes organismes. Ils ne se nourrissent donc pas des mêmes choses, et leurs déjections ont alors des compositions différentes. Celles des chiens sont parfois les hôtes d’un parasite qui transmet la «néosporose». Cette maladie peut provoquer des avortements chez les vaches et les brebis lorsqu’elles ingèrent du fourrage ou de l’eau souillée par des crottes de chien contaminées. Parfois, les animaux parviennent tout de même à mettre bas et la néosporose passe alors inaperçue, mais elle est pourtant bien là et est alors transmise à la descendance. Cela crée des «lignées» de vaches malades. Malheureusement, il n’existe aucun vaccin ni traitement à l’heure actuelle.

Conséquences des déchets sauvages pour le monde paysan

Bien qu’aucune statistique n’existe pour statuer le nombre exact d’animaux de rente blessés par des déchets sauvages, les histoires des familles paysannes et des vétérinaires se multiplient car la problématique semble s’accentuer. En cause, peut-être la pandémie qui a poussé davantage de personnes à trouver un peu de liberté dans la nature, peut-être un manque de sensibilisation auprès de la population, peut-être l’introduction des sacs taxés dans certaines communes… Reste que les coûts liés aux accidents de ce type sont à la charge des exploitantes et exploitants uniquement. Malheureusement, les assurances n’entrent pas en matière.

Sébastien Delay, à la tête de sa propre entreprise de transport d’urgence de bétail témoigne:

«Au-delà de l’aspect émotionnel lié à la perte d’un animal, c’est aussi une réalité financière qui fait mal. Dans le cas d’une vache laitière qui décéderait des suites de l’ingestion d’un morceau d’alu par exemple, cela peut aller jusqu’à des milliers de francs de perte.»

Il complète et précise que le montant varie selon différents critères, notamment:

  • L’âge et la performance de l’animal: entre 1’500 CHF pour une génisse et 4’500 CHF pour une vache laitière performante;
  • Le nombre d’interventions vétérinaires: 200 CHF par déplacement en moyenne et il faut compter en général jusqu’à quatre déplacements, ce qui mène à 800 CHF;
  • L’évacuation du corps: environ 200 CHF.

Finalement, il va de soi que ce fléau n’est pas seulement un danger pour les animaux de rente, mais également tous les animaux sauvages qui subissent le même sort comme les chevreuils, les marmottes ou les bouquetins.

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