De bonnes nouvelles pour la betterave sucrière

De bonnes nouvelles pour la betterave sucrière

Après plusieurs années noires, l’augmentation du prix de la betterave aux productrices et producteurs ainsi que l’arrivée de variétés plus résistantes aux maladies redonnent de l’intérêt à cette culture.

La culture de betteraves sucrières est, une nouvelle fois, en régression en Suisse. Cette année, la surface consacrée à cette racine qui permet de nous approvisionner en sucre, ne représente plus que de 16’000 hectares, alors qu’elle était de 16’500 hectares en 2021 et 21’000 hectares en 2015. Le nombre de productrices et producteurs suit la même courbe descendante.: 200 de moins en 2022 (3872 en 2021).

Les causes du déclin

Différents éléments ont alimenté cette spirale noire dans laquelle la betterave suisse a été aspirée. Tout d’abord, le syndrome des basses richesses, une infection qui réduit drastiquement le taux de sucre des cultures atteintes. Puis la jaunisse virale qui a fait un retour fracassant, suite à l’interdiction fin 2019 d’un insecticide appelé Gaucho. Celui-ci permettait de protéger la betterave contre un puceron vert, vecteur de la maladie, mais il est soupçonné, en parallèle, d’être nuisible pour les abeilles.

Si l’année 2020 a été catastrophique, 2021 s’en est sortie en demi-teinte. L’état des lieux diffère d’un coin du pays à l’autre. En Suisse alémanique, dans la région de Frauenfeld, le rendement pour les betteravières et betteraviers a été de très bon à satisfaisant. Pour la Suisse romande, le bilan est moyen, alors qu’on craignait le pire: le syndrome des basses richesses, toujours présent, s’est manifesté de manière moins dramatique qu’attendu. En revanche dans le Seeland jusqu’à Bienne, l’année a été catastrophique pour diverses raisons: trop d’eau, des chutes de grêle ainsi que le syndrome des basses richesses.

Optimisme pour 2023

On aurait pourtant pu s’attendre à un arrêt de l’hémorragie, avec la décision des chambres fédérales de prolonger les mesures de soutien au sucre suisse. Ce qui se traduit notamment par une augmentation de 5 francs par tonne de betteraves. Mais…

«La décision est tombée début novembre. C’est tardif. A cette période, la majorité des agriculteurs avaient déjà décidé quelle serait leur rotation de cultures pour 2022», explique Josef Meyer, président la Fédération suisse des betteraviers (FSB). Il se montre toutefois optimiste:

«JE FAIS LE PRONOSTIC QUE C’EST LA DERNIÈRE FOIS QUE L’ON PERD DE LA SURFACE POUR LA BETTERAVE. L’OBJECTIF À TERME EST DE RETROUVER UN SEUIL DE 20’000 HECTARES POUR PERMETTRE AUX SUCRERIES D’AARBERG ET DE FRAUENFELD DE TOURNER À PLEIN VOLUME

JOSEF MEYER, PRÉSIDENT LA FÉDÉRATION SUISSE DES BETTERAVIERS (FSB)
La production de betteraves sucrières en Suisse

Et, dans la foulée de pouvoir ré-augmenter la production de sucre indigène, qui ne couvre aujourd’hui que de 60% des besoins. Alors que l’autoproduction atteignait 70% jusqu’en 2019.

Des aides pour la betterave

Plusieurs éléments ont permis de limiter les dégâts l’année dernière. Tout d’abord l’autorisation exceptionnelle par la Confédération d’utiliser deux produits phytosanitaires, en remplacement du Gaucho.

«Aujourd’hui, le monde agricole n’aime plus beaucoup traiter les cultures. Mais tant que nous n’avons pas de variétés suffisamment résistantes aux maladies, il est important d’avoir des solutions en dernier recours. Nous bénéficions d’un système d’alerte qui nous a permis d’intervenir au bon moment, de manière ciblée. Cela a été très efficace», explique Josef Meyer.

L’autorisation pour ces deux produits phytosanitaires a été renouvelée pour 2022. Quant à la recherche de variétés résistantes aux maladies, elle progresse. «Pour cette année, nous avons déjà pu dresser une liste des variétés qui se comportent le mieux face au syndrome des basses richesses. C’est une grande avancée, car nous n’avions rien, il y a encore quatre ans», relève Josef Meyer.

Le bio progresse fortement

En parallèle, on voit poindre une autre évolution spectaculaire: celle de la betterave bio. La surface cultivée de cette manière est passé, en l’espace de 2 ans, de 7-8 hectares à 200 hectares. Le demande pour le sucre bio étant très importante.

La culture biologique de betteraves en Suisse

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