Un outil pour l’agriculture de précision

Un outil pour l’agriculture de précision

Comment augmenter la productivité tout en utilisant moins d’intrants? Voilà la question à laquelle Patrick Messeiller à Orny (VD) tente d’amener des réponses. Avec son entreprise Agroscan 4.0 Sàrl, il commercialise un système de cartographie des sols basé sur une machine remorquée qui réalise des scannages de parcelles agricoles. Les cartes obtenues peuvent être utilisées en agriculture de précision pour moduler engrais, semences et produits phytosanitaires. Explications.

Des parcelles agricoles souvent inhomogènes

Tout d’abord, il faut savoir qu’une parcelle agricole est rarement homogène, car elle est n’est généralement pas délimitée en fonction de paramètres objectifs. Elle a pu être constituée pour des raisons:

  • historiques (qui ne sont plus forcément d’actualité);
  • locales (liées à un village, à une ferme);
  • géométriques (le long d’une pente, d’une rivière);
  • systématiques (par exemple des parcelles d’un ou deux hectares);
  • ou propres à l’exploitation.

De ce fait, le sol d’une parcelle est habituellement inégal sur l’entier du terrain et les cultures qui y sont semées ou plantées poussent plus ou moins bien selon l’emplacement sur le terrain. Ainsi, moduler l’utilisation des semences, engrais et produits phytosanitaires spatialement permet d’augmenter la productivité et d’employer moins d’intrants. Pour cela, il faut un tracteur équipé d’un semoir adapté et une carte détaillée de la parcelle. Cette carte peut être constituée grâce à une numérisation de la parcelle couplée à des analyses du sol.

Le scannage de la parcelle

Pour scanner la parcelle, la machine tractée par un véhicule effectue une mesure géoréférencée (localisée spatialement) chaque seconde, le long de lignes parallèles et écartées les unes des autres de dix mètres. Les mesures sont faites à l’aide de capteurs spécialisés. L’un mesure la teneur en argile et sable au moyen de la conductivité électrique – ce qui permet de connaître le type de sol – l’autre mesure la matière organique au moyen d’un capteur infrarouge – ce qui permet de se faire une idée de la fertilité du sol.

Après cette étape de numérisation, on connaît la valeur pour chaque point au sein de la parcelle. Mais ces valeurs sont relatives aux autres points (par exemple 1.1 ou 0.8 fois la matière organique d’un autre point) et on ne connaît pas encore la valeur absolue (par exemple 2.5 ou 4% de matière organique). Afin de connaître les valeurs absolues, il faut obtenir les données réelles de certains de ces points. Patrick Messeiller évalue donc l’ensemble des points recueillis et en choisit quatre représentatifs.

Le choix de 4 points représentatifs fait par Patrick Messeiller en fonction des diverses données recueillies (colonne tout à gauche). Ici, seul l’infrarouge (IR) est affiché sur l’image satellite, qui montre la teneur en matière organique.
Le choix de quatre points représentatifs fait par Patrick Messeiller en fonction des diverses données recueillies (colonne de gauche). Ici, seul l’infrarouge (IR) est affiché sur l’image satellite. Cela indique la teneur en matière organique. © Patrick Messeiller/Agroscan 4.0

À ces endroits, il prélève des échantillons de sol qui sont alors analysés par un laboratoire spécialisé. «Le savoir-faire et l’expérience font la différence à ce moment-là», dit-il. L’analyse des quatre échantillons permet d’avoir des données chiffrées concrètes sur les points mesurés, permettant de constituer une cartographie précise.

Les images satellites: l’ajout de la télédétection

Patrick Messeiller complémente la numérisation du terrain avec des images satellites de précision.

La densité foliaire sur plusieurs jours, sur une parcelle scannée préalablement, sur le site myPreciField.com.

Ces images permettent d’ajouter des données géoréférencées à la cartographie de la parcelle: densité foliaire (soit le stade de développement des cultures), précipitations, couverture du sol. Comme les images et données sont fournies en continu par les satellites, il devient possible de suivre au quotidien des éléments comme la densité foliaire pour surveiller la croissance des cultures. Ainsi, il est possible d’identifier à quel endroit il peut y avoir des problèmes de pousse. En lien avec la cartographie du sol de la parcelle, on peut par exemple identifier à la fois un endroit où le sol devrait être idéal pour qu’une culture pousse, mais aussi où la densité foliaire se révèle être trop faible.

Utilisation en agriculture de précision

Grâce aux informations récoltées par le scannage du terrain, les analyses des échantillons de sol et les données satellites, il est donc possible de constituer une carte détaillée d’une parcelle. Avec un éditeur, il est possible de spécifier les quantités de semences, produits phytosanitaires et engrais à épandre ou utiliser en chaque point. Ce «programme» peut alors être téléchargé sur une clé USB qui peut être branchée dans un tracteur équipé. Celui-ci fera alors «tout le travail lui-même», au moyen de son GPS intégré, en suivant la carte et en semant ou épandant en fonction des chiffres indiqués: nombre de graines, quantité d’engrais ou de produits phytos par exemple. Cela permet de contrôler la dose employée et de limiter l’utilisation de produits.

L’intérêt du système est maximal sur des terrains très hétérogènes et permet notamment d’améliorer petit à petit les points «critiques» de la parcelle.

Source et informations complémentaires:

Agroscan 4.0 Sàrl

En découvrir plus: