Agriculture-durable.ch descend dans la rue

Agriculture-durable.ch descend dans la rue

Une campagne d’affichage inédite a été déployée dans l’ensemble du canton de Vaud fin 2019. Pilotée par Prométerre, Association vaudoise de promotion des métiers de la terre, elle s’inscrit sous le slogan de la campagne nationale «Nous protégeons ce que nous aimons». Objectif: interpeller la population sur les pratiques agricoles afin que le grand public comprenne mieux la réalité du travail des paysans.

«Esparcette, petite pimprenelle ou les deux?» «Semis direct, couverts végétaux ou les deux?» Tels sont deux des six sujets qui se sont affichés dans l’espace public vaudois entre mi-novembre 2019 et la fin de l’année. De grandes et belles images évoquaient les cultures, la nature ou l’élevage, des termes techniques interrogeaient ou pouvaient faire sourire. Vocabulaire ou expressions inconnus? Qu’à cela ne tienne: on vous remet ici toutes les explications de la précédente version du site internet agriculture-durable.ch, qui reprenaient les six affiches et leurs explications, dans une démarche de vulgarisation.

Le semis direct et les couverts végétaux sont deux techniques complémentaires faisant partie de l’agriculture de conservation.

Semis direct (ou culture sans labour): introduction directe de la graine dans le sol non labouré afin de le préserver et de lui assurer une meilleure fertilité.

Couverts végétaux: entre deux cultures principales, mise en place d’autres végétaux permettant de nourrir, protéger et entretenir le sol.

Le semis direct et les couverts végétaux sont deux techniques complémentaires faisant partie de l’agriculture de conservation. La première est une pratique culturale dite «simplifiée», dans laquelle le travail du sol est réduit le plus possible, afin d’en préserver les qualités, et de lutter, par exemple, contre l’érosion. Pour que les cultures s’y développent correctement, on prête un soin particulier à la terre. Les couverts végétaux ont notamment pour but de la protéger du dessèchement. Les racines vivantes dans le sol, qui y fixent des éléments nutritifs, contribuent à conserver le sol en bonne santé. À l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, c’est aussi un moyen de piéger le CO2 dans la terre, qui s’enrichit ainsi en carbone. Pour pouvoir appliquer de tels procédés, les agriculteurs doivent investir dans de nouveaux équipements coûteux, adaptés à ces pratiques, tout en évitant un tassement excessif (pneus basse pression).

L’agriculture prend de nombreuses mesures pour protéger les abeilles, qui dépendent notamment de la biodiversité.

Esparcette (ou sainfoin): plante fourragère simple à cultiver, fournissant une alimentation saine pour le bétail et dont les fleurs riches en nectar attirent fortement les abeilles.

Petite pimprenelle: plante sauvage poussant dans les zones de promotion de la biodiversité et dont les abeilles, ainsi que d’autres insectes, sont friands.

L’agriculture prend de nombreuses mesures pour protéger les abeilles. Plus la biodiversité est importante, plus elles sont heureuses! Dans cet esprit, les familles paysannes sont toujours plus nombreuses à cultiver l’esparcette, une plante fourragère doublement utile: elle permet non seulement d’apporter des compléments nutritifs au bétail, mais aussi, grâce au nectar de ses jolies fleurs roses, de nourrir les abeilles. Par ailleurs, 14% des surfaces agricoles utiles (SAU) sont dédiées par les paysans à la promotion de la biodiversité. Dans ces zones pousse notamment la petite pimprenelle, qui attire les abeilles et d’autres insectes. De manière générale, afin de mieux communiquer entre eux dans le but commun de protection et développement des abeilles, agri- et apiculteurs se sont associés dans le cadre d’un projet dans les cantons de Vaud, du Jura et de Berne, et soutenu par la Confédération. Objectifs: améliorer les ressources alimentaires pour les pollinisateurs ainsi que les lieux de nidification, et encourager des pratiques agricoles respectueuses des insectes pollinisateurs.

Les agriculteurs utilisent autant que possible des méthodes naturelles, comme les insectes auxiliaires parasitoïdes, qui se développent sur ou à l’intérieur des insectes nuisibles et ainsi les font disparaître.

Macrolophus: punaise prédatrice utilisée contre différents insectes ravageurs afin de protéger les cultures maraîchères, en particulier tomates et aubergines.

Pucerons: insectes ravageurs apparaissant notamment sur les plants de tomates où ils piquent la plante pour en aspirer la sève, ce qui la rend inconsommable.

La culture de la tomate nécessite non seulement une vigilance contre les maladies comme le mildiou ou l’oïdium, mais aussi une lutte contre les pucerons. En se nourrissant de la sève, ces ravageurs diffusent une salive toxique et excrètent ensuite un liquide, le miellat, qui salit feuilles et fruits, et engendre le développement de champignons nuisibles. Les maraîchers combattent ces pucerons en privilégiant une solution naturelle consistant à favoriser – dans une mesure raisonnable – les populations de macrolophus, punaises utilisées comme prédateurs contre les pucerons.

Le bien-être et la santé animale sont très importants pour les éleveurs suisses de cochons.

Elevage plein air: pratique consistant à favoriser la sortie des animaux toute l’année, ainsi que la pâture durant la belle saison, via notamment le programme étatique SRPA (sorties régulières en plein air).

SST: systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux (étables avec lumière naturelle et espaces couverts de litières, aires de repos accessibles en tout temps, absence d’attache).

En Suisse, si les agriculteurs veulent pouvoir bénéficier des paiements directs (soutien financier de l’État), l’élevage des animaux de rente, comme les cochons, doit de toute façon respecter des normes de détention considérées comme parmi les plus strictes du monde. Mis en place par la Confédération, les programmes facultatifs SST (stabulation particulièrement respectueuse) et SRPA (sorties régulières en plein air) vont encore plus loin. Malgré ces fortes contraintes, plus de 58,9% (SST) et même 86,9% (SRPA) des exploitations y participent de manière volontaire. Cela démontre non seulement que la Suisse est en avance sur l’encadrement du bien-être animal, mais aussi que les familles paysannes s’en préoccupent particulièrement.

Les agriculteurs utilisent autant que possible des méthodes naturelles, comme la bouillie bordelaise ou la confusion sexuelle.

Bouillie bordelaise: mélange de cuivre et de chaux utilisé depuis près de 150 ans en particulier dans la vigne pour lutter contre le mildiou.

Confusion sexuelle: diffusion de l’hormone femelle d’un insecte ravageur de la vigne dans le but d’égarer le mâle et de l’empêcher de s’accoupler.

Ces deux techniques répondent à deux problèmes différents. Utilisée depuis le XIXe siècle, la bouillie bordelaise permet de protéger la vigne contre le mildiou, un champignon qui peut détruire les cultures viticoles, mais également s’attaquer aux tomates, pommes de terre ou fraises. La confusion sexuelle, elle, lutte contre des parasites dans la viticulture et l’arboriculture. En saturant l’air de phéromones femelles autour des cultures, on entretient la confusion du mâle qui peine à trouver des femelles pour s’accoupler. La production de larves parasites est ainsi limitée.

Les cultures ont besoin de protection contre les dégâts des ravageurs.

Méligèthes: insectes attirés par le pollen et le nectar présents dans les fleurs de colza et causant ainsi d’importants dégâts sur les plantes, engendrant d’importantes baisses de rendement, voire la perte totale de récoltes.

Produits phytos: toute forme de substance, naturelle ou de synthèse, utilisée dans le but de protéger les plantes contre les maladies, les ravageurs et la concurrence d’autres végétaux.

Le colza est une plante cultivée en particulier pour la production d’huile alimentaire, dont la demande est croissante en Suisse. Durant la période de floraison au printemps, les champs de colza agrémentent le paysage de magnifiques étendues jaunes. Mais pour obtenir des rendements corrects dans la production de cette plante, il faut en particulier lutter contre un insecte coléoptère: le méligèthe. Ce ravageur cause sur les boutons de fleurs des dégâts souvent irréversibles, dont les conséquences à la récolte peuvent être très graves. La lutte se fait le plus possible de manière préventive, mais ce n’est pas forcément suffisant. Chaque printemps, l’arrivée des méligèthes est scrutée par les familles paysannes qui, à partir d’un certain seuil, doivent intervenir avec des produits phytosanitaires pour protéger les cultures… et le futur assaisonnement de nos salades.

Messages pour une agriculture moderne

Des solutions naturelles permettant aux cultures de se développer favorablement en limitant les intrants, une agriculture pensée en intégrant tant des considérations environnementales que le souci de continuer à nourrir la population avec des produits sains et de qualité, une philosophie de détention des animaux toujours plus garante de leur bien-être: les messages consistaient à présenter une agriculture moderne, en phase avec les préoccupations et exigences actuelles, et qui se soucie depuis des années de faire évoluer son travail dans le sens de la durabilité.

«On a pris l’habitude ces dernières années de voir les paysans suisses se montrer sur des affiches. En revanche il est plus original de communiquer sur le volet technique de leur travail, permettant de mettre en valeur à la fois sa complexité et sa dimension durable.»

Luc Thomas, directeur de Prométerre

La campagne de fin d’année 2019 s’inscrit dans un ensemble de mesures de communication grand public qui se poursuivront sur ici même sur agriculture-durable.ch et différents autres supports, au-delà du canton de Vaud et en partenariat avec les autres chambres agricoles romandes et nationales. Ainsi, la page Facebook Agriculture durable, le compte Intsagram et la chaîne TikTok propose très régulièrement des contenus – textes, images et vidéos – qui œuvrent dans le même sens. Les milliers de personnes en Suisse romande qui la suivent déjà engendrent des interactions avec des dizaines de milliers d’internautes intéressés aux questions agricoles ou curieux de mieux les comprendre.

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