Les sols agricoles, solution pour le climat

Les sols agricoles, solution pour le climat
François Errard, Directeur d’AgriGenève, Association faîtière de l’agriculture genevoise

Par François Erard

Directeur d’AgriGenève,
Association faîtière de l’agriculture genevoise

Le sol, une ressource essentielle pour la régulation du climat? C’est en tout cas ce qu’affirme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). D’une part le sol est la base pour assurer l’alimentation de la population et d’autre part il peut jouer un rôle essentiel en captant du carbone émis par la combustion des énergies fossiles. Exemple à Genève.

Précurseurs en la matière, les agronomes d’AgriGenève mettent en œuvre depuis maintenant douze ans, le concept d’agriculture de conservation. Cette technique permet de limiter le travail du sol et donc les émissions de CO2 des tracteurs, tout en favorisant des couverts végétaux constitués de plusieurs espèces qui séquestrent du carbone atmosphérique dans les sols et limitent le recours aux herbicides. En outre, cette technique a pour avantages d’augmenter la fertilité globale des sols et accroître la biodiversité des agro-écosystèmes.

L’agriculture de conservation

Après avoir couvert le sol et réduit l’intensité du travail mécanique, il faut adopter un enchaînement de cultures varié et cohérent pour maintenir le sol en bonne santé. La mise en place de ces trois paramètres – couverture des sols, travail minimum du sol et rotation diversifiée – est définie comme une nouvelle pratique agricole: l’agriculture de conservation. Il s’agit d’une approche cohérente qui permet de réaliser des économies mais également de préserver l’environnement: la consommation de gasoil est diminuée et le sol s’enrichit en carbone sous forme d’humus, grâce aux engrais verts. Ces derniers permettent également de diminuer la consommation d’engrais ainsi que l’érosion grâce à la présence de matière organique en surface.

La séquestration du carbone par les sols

Les sols représentent d’une part un gigantesque stock de carbone qui y est piégé sous forme d’humus et d’autre part disposent d’une formidable capacité à séquestrer du CO2 atmosphérique. C’est actuellement le seul moyen tangible et rapide d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Pour ce faire, les taux de matière organique des sols devraient augmenter, ce qui est notamment favorisé par des techniques telle l’agriculture de conservation. À Genève, un monitoring de la qualité des sols est en place depuis plus de 25 ans et ses résultats permettent d’affirmer que le potentiel de stockage de CO2 y est très élevé.

Quelques chiffres

En 2019, l’agriculture de conservation était pratiquée sur plus de 1’000 hectares à Genève. À noter que la moitié des terres cultivées dans le canton le sont en techniques culturales simplifiées, c’est-à-dire sans labour. Le potentiel de séquestration du carbone a été estimé, pour les terres assolées genevoises, à 700’000 tonnes de CO2 si l’on souhaite combler à minima le déficit de teneur en humus. Sur le terrain, de nombreuses parcelles en agriculture de conservation affichent des taux de séquestration du CO2 atmosphérique très élevées par rapport à l’objectif climatique d’une augmentation de 0.4% par année. Le plan climat genevois ambitionne de séquestrer 15’000 tonnes de CO2 chaque année dans les sols, soit 150’000 tonnes d’ici 2030. Or, le taux de 1.5% correspondant à ce chiffre est déjà effectivement atteint par des exploitations en agriculture de conservation.

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