Médecine animale: de l’énergie à la place des antibiotiques

Médecine animale: de l’énergie à la place des antibiotiques

La santé animale est au cœur des préoccupations des éleveuses et éleveurs. En Suisse, l’usage d’approches alternatives se développe, notamment pour lutter contre l’emploi des antibiotiques. Ces méthodes, qui demandent de passer plus de temps auprès des animaux, s’avèrent enrichissantes et porteuses de solutions concrètes. Aperçu d’un cours de reiki et état des lieux de la pratique en Suisse romande.

Reportage dans un cours de reiki

«Ressens ce qui se passe dans ton ventre. Qu’est-ce?» Nelly Tisserand, maître reiki, se tient à quelques mètres d’une éleveuse fribourgeoise de vaches laitières. Adepte de l’homéopathie pour soigner ses animaux, l’éleveuse se sensibilise au reiki dans le cadre d’une formation continue. Les yeux fermés, les mains ouvertes en direction de sa vache Cracotte, elle répond: «Du stress».

Autour d’elles, les autres participants se concentrent dans une atmosphère chargée en émotion. Parmi eux, des agriculteurs vaudois, fribourgeois, une Française, une Alémanique et une vétérinaire. Nelly Tisserand guide l’agricultrice, dont la vache a vécu le vêlage traumatique d’un petit mort-né. «Transmets-lui que tu ressens son stress, qu’elle a le droit d’être angoissée et qu’elle a le droit de déposer tout cela ici.» L’éleveuse tente d’avancer en direction de son animal, qui recule instantanément. «Doucement, doucement», enjoint la maître reiki. Trop tard.

Cracotte recule, bouscule ses copines bovines venues l’entourer – comme pour la protéger – et s’enfuit à l’autre extrémité de la stabulation.

© CROC/Prométerre

Nelly Tisserand analyse alors l’exercice. «Cette situation est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Nous sommes arrivés dans l’agitation et j’ai vu des mains toucher la vache, alors qu’on avait senti qu’il fallait y aller très tranquillement.» L’enseignante décortique: «Quand on entre dans une écurie, on arrive dans le monde des animaux. On approche avec respect et patience. On reste humble. C’est l’énergie qui fait le travail. Nous ne sommes qu’un canal que nous mettons à disposition, avec une intention de guérison et de bienveillance.»

Une pratique taboue?

Le reiki est une philosophie japonaise, dont le nom signifie «esprit» (rei-) et «énergie» (ki); il utilise l’énergie comme mode de guérison. «C’est une rencontre entre la physique quantique et la spiritualité», explique Nelly Tisserand, petite-fille d’agriculteurs, devenue formatrice reconnue par l’Etat français en soins de reiki aux animaux. Son enseignement est illustré par de nombreux exemples issus de sa pratique, qu’il s’agisse de cas concrets ou de situations marquées par la réticence de certains face à une technique insaisissable matériellement.

«Le reiki est un cheminement dans lequel l’ego est à remiser. La base, c’est la recherche du lien et le travail en conscience.»

«Ceux qui y sont confrontés tous les jours, par exemple parce que leur conjoint l’exerce, sont bien obligés de reconnaître que cela fonctionne.» Et un participant de rétorquer: «Oui, mais dans le milieu agricole, ce genre de pratique relève presque du tabou.» Nelly Tisserand ne se démonte pas et poursuit la transmission de sa passion. Savoir-être, conscience, ouverture, lien, voie, épanouissement, intention, vibration, canal. douceur…

Pour le deuxième exercice pratique, c’est Aïcha, une Holstein souffrant de douleurs articulaires, venue d’elle-même se placer près du groupe qui profitera du reiki. Nelly Tisserand invite chacun à appliquer les notions acquises le matin et demande de se connecter à l’animal. A l’instant où l’éleveur évoque la jambe gauche, la vache étire ce même membre. «Vous voyez, il suffit parfois de nommer les douleurs pour que l’animal sente déjà l’énergie travailler.»

Pendant une vingtaine de minutes, Nelly Tisserand, secondée d’un élève, appose ses mains sur différentes parties du corps d’Aïcha.

«L’énergie est un langage», conclut-elle, sous les yeux impressionnés des apprentis regardant le bovin se détendre continuellement les pattes.

Grandir grâce aux animaux

A l’heure de boucler cette journée de formation, Nelly Tisserand rappelle une notion essentielle de la philosophie. «Le reiki est un cheminement, dans lequel l’ego est à remiser. La base, c’est la recherche du lien et le travail en conscience. Et vous verrez, dès que vous vous êtes ouverts, vos animaux le sentent. Ils savent que vous avez la conscience de les entendre et ils vous appellent quand vous arrivez. Grâce à ce lien, ils vous apprennent à grandir, car eux ont l’instinct que l’homme a perdu».

La pratique en Suisse ROMANDE

Depuis 2019, il est possible pour les agricultrices et agriculteurs romands de suivre des formations continue en reiki auprès de Nelly Tisserand. D’origine franc-comtoise, elle fait le voyage pour transmettre sa philosophie. En France, elle a déjà formé plus d’une centaine de personnes qui relatent des résultats concrets notamment sur:

  • la réduction de frais vétérinaires;
  • la diminution du recours aux antibiotiques;
  • le renforcement de la santé générale des troupeaux;
  • l’amélioration de la relation avec les bêtes.

Mais la pratique a encore son chemin à faire dans nos campagnes. La première initiation vaudoise relatée dans cet article a eu lieu en 2019 et depuis, les annulations et reports dus à la situation sanitaire ont malheureusement ralenti l’élan. Cependant, l’intérêt est toujours là avec une liste d’attente pour les formations qui se construit petit à petit. Jean-Luc Oberson, spécialiste en production animale chez Prométerre et responsable de la coordination de la formation en Suisse, explique que la pratique interpelle les vétérinaires autant que les éleveuses et éleveurs. En comparaison avec l’homéopathie qui s’est maintenant bien popularisée comme pratique alternative dans l’élevage, le reiki nécessite un investissement personnel conséquent qui comprend aussi un travail sur soi.

Aujourd’hui, c’est une dizaine de personnes qui attendent d’en savoir plus et de démarrer la formation, mais c’est sans compter celles qui sont déjà familières avec la pratique sur un plan privé, sans nécessairement l’appliquer aux animaux de rente.

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