Des mesures préventives pour faire face à la grippe aviaire

Des mesures préventives pour faire face à la grippe aviaire

Les cas de grippe aviaire se multiplient en Europe. A la suite des quelques cas recensés en Suisse et afin d’éviter une propagation de l’épizootie, dont le risque reste élevé tant que les oiseaux d’eau n’auront pas quitté leurs quartiers d’hiver, la vigilance reste de mise. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a prolongé les mesures de prévention contre le H5N1 jusqu’au 15 mars au moins. Il s’agit principalement d’éviter tout contact entre les volailles domestiques et les oiseaux sauvages. Point de la situation avec Katharina Stärk, la responsable du département santé animale.

Les mesures préventives contre la grippe aviaire sont prolongées jusqu’au 15 mars? Pourquoi? L’épidémie repart-elle?

Parce que le risque continue à être grand, surtout pendant la saison des oiseaux migrateurs.

Peut-on qualifier d’inquiétante la situation actuelle en Suisse?

L’actuel épisode épizootique de HPAI H5N1 se poursuit activement en Europe. Le nombre de cas chez les oiseaux sauvages ont augmenté dans toute l’Europe. Les cas se sont multipliés dans le centre de l’Europe, ce qui confirme l’influence des oiseaux migrateurs sur les infections dues à HPAI. La multiplication des foyers en Europe devrait se poursuivre, notamment le long des deux axes migratoires en direction de l’Afrique: à l’ouest, par la côte atlantique et Gibraltar, et à l’est, de la Scandinavie vers le détroit du Bosphore et le littoral méditerranéen. Les experts estiment que le virus continuera à être importé en Suisse.

Où en est-on au niveau de la présence de la grippe aviaire en Suisse?

Cet hiver, la Suisse a connu des cas isolés chez des oiseaux sauvages et deux foyers dans des élevages. La grippe aviaire s’est manifestée de manière accrue dans une grande partie de l’Europe. Les oiseaux sauvages et les volailles d’élevage ont été touchés. Le risque que les oiseaux importent la maladie d’Europe est élevé. Toutefois, la Suisse est moins exposée que le nord de l’Europe.

“Le risque que les oiseaux importent la maladie d’Europe est élevé. Toutefois, la Suisse est moins exposée que le nord de l’Europe.”

Pourquoi la Suisse est-elle moins exposée que le nord de l’Europe?

Les grands axes de migration des oiseaux d’eau évitent les Alpes et les grandes zones de reproduction de ces oiseaux se trouvent dans le nord de l’Europe.

Au départ, les mesures devaient être appliquées du 28 novembre 2022 au 15 février 2023. Comment décide-t-on de la durée de l’application des mesures? 

Les mesures ont été imposées après le premier cas (ndlr. dans une exploitation à Winterthour, en novembre 2022). Des experts spécialisés ont évalué la situation, estimé le risque et fixé la durée. Cela se fait toujours en étroite collaboration entre la Confédération et les cantons. La situation est évaluée en fonction de l’évolution en Europe, des principales espèces touchées et de l’analyse des cas des années précédentes.

L’OSAV recommande de séparer les poules des oies et des canards… En quoi cela améliore-t-il la situation?

La raison en est que les oiseaux aquatiques tombent généralement moins malades que les volailles domestiques. Par conséquent, le risque est plus grand que le virus ne soit pas détecté chez eux et qu’ils le transmettent.

Si un animal est contaminé dans un élevage aujourd’hui, que se passe-t-il? Abattage de tous les oiseaux?

Les mesures sont définies dans la législation. La Confédération et les cantons décident des mesures précises à prendre en fonction de la situation. Les animaux qui ont été en contact direct avec les animaux infectés sont abattus et l’exploitation est assainie.

Les mesures sont définies dans la législation. La Confédération et les cantons décident des mesures précises à prendre en fonction de la situation.

Que fait-on des oiseaux sauvages?

Il n’y a pas de mesures sur les oiseaux sauvages.

Pourquoi?

Jusqu’ici les espèces d’oiseaux sauvages en Suisse ne sont pas menacées par l’influenza aviaire.Le risque n’est que pour la volaille domestique. C’est la raison des mesures prises pour éviter qu’elle soit infectée. 

Quelles sont les principales espèces d’oiseaux sauvages touchées?

Surtout les oiseaux d’eau.

Pour l’heure, les contributions aux programmes pour le bien-être des animaux «Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux» (SST) et «Sorties régulières en plein air» (SRPA) sont maintenues. L’utilisation de la désignation «Élevage en plein air» reste autorisée, malgré les mesures de confinement. La situation est paradoxale, comment l’expliquer au consommateur?

L’objectif de ces mesures est de protéger et de préserver la santé des volailles et de prévenir le risque de contamination. Les mesures sont limitées dans le temps.

Jusqu’à quand peut-on prolonger les mesures et maintenir la désignation «Élevage en plein air»?

La désignation peut être utilisée pendant 4 mois.

Si les mesures dépassent les 4 mois et que l’aviculteur/agriculteur – ne bénéficiant plus de la dénomination «Élevage en plein air» – est déclassé, que se passe-t-il pour lui? Bénéficiera-t-il d’une compensation financière?

L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) discute actuellement la réglementation qui s’appliquera ensuite et la manière dont l’étiquetage devra être effectué.

De quelle manière l’OSAV contrôle-t-il que les mesures ont bien été appliquées par tout le monde?

Les cantons sont responsables du respect des mesures. ll est important que celles-ci s’appliquent à tous.

Existe-t-il un vaccin contre la grippe aviaire?

Actuellement, il n’existe pas de vaccin autorisé en Suisse. Des recherches sont toutefois en cours pour développer un vaccin.

L’objectif de ces mesures est de protéger et de préserver la santé des volailles et de prévenir le risque de contamination.

“Il est important d’appliquer les mesures préventives”

On l’aura compris, les cantons sont responsables de faire appliquer les mesures de L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Comment contrôlent-ils, très concrètement, que ces mesures aient été suivies par l’ensemble des aviculteurs? Le vétérinaire cantonal vaudois Giovanni Peduto répond: «Les contrôles se font par sondage. En règle générale, la vérification des exigences en matière de prévention relative à la grippe aviaire se fait dans le cadre des autres contrôles que nous sommes tenus d’effectuer (contrôle en matière de protection des animaux et contrôle en matière de production primaire). Des contrôles peuvent également être faits suite à des signalements de non-respect des exigences, que nous recevons de la part de tiers ou d’organisations publiques ou privées.» Giovanni Peduto prévient qu’il est primordial que l’ensemble des éleveurs suisses se plient à ces mesures: «Notre stratégie de prévention repose sur un effort collectif, par lequel chaque détenteur de volaille participe à la protection du cheptel suisse. Ne pas appliquer les mesures de prévention revient à exposer inutilement son troupeau à la grippe aviaire et à s’exposer à des sanctions pénales pour non-respect du cadre légal.»

Si un animal est contaminé dans un élevage aujourd’hui, «le schéma d’intervention est donné par l’ordonnance fédérale sur les épizooties», rappelle Giovanni Peduto. «Ce texte définit la grippe aviaire comme une épizootie hautement contagieuse. La seule voie d’assainissement du troupeau sera donc la mise à mort de l’entier de l’effectif. C’est pour éviter cette mesure extrêmement contraignante qu’il est important d’appliquer les mesures préventives.»

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