Par Emilie Beuret-Boillat
Secrétaire générale de la Chambre d’agriculture du Jura-Bernois
Dans toutes les discussions qui se tiennent entre professionnels de l’agriculture et non-initiés, la lutte contre les mauvaises herbes semble être un sujet compliqué à traiter. On répond donc ici à quelques questions qui reviennent souvent.
Pourquoi souhaite-t-on éliminer certaines plantes?
Les prairies et pâturages sont composées d’une multitude de plantes. Pour les animaux qui s’y nourrissent comme les vaches, chevaux, moutons et chèvres, il est essentiel que ce mélange constitue une bonne matière fourragère afin de pouvoir couvrir leurs besoins nutritionnels. Il est évident également que certaines plantes doivent être éliminées pour éviter à ces animaux de se faire empoisonner par leurs substances toxiques. Il y a d’autres plantes qui ne sont pas forcément dangereuses, mais qui ne couvrent pas les besoins des animaux.
D’accord, mais comment on définit ces mauvaises herbes?
En Suisse, la recherche agronomique détermine les capacités nutritives pour toutes les plantes fourragères et les publie. Les agriculteurs essaient de cultiver le mélange qui correspond le mieux à leurs animaux et qui répond à leurs besoins. L’exercice n’est pas toujours évident car les bonnes plantes de plaine ne sont pas cultivables en montagne, et inversement. Le climat, le sol, l’ensoleillement et la fumure sont des points essentiels pour adapter les prairies et pâturages à un troupeau.
Bon, et comment on enlève les autres plantes?
Grâce à des changements de cultures réguliers sur ces parcelles, on peut faire une certaine pression sur les mauvaises plantes. Ainsi, lorsque l’on sème une prairie pour quelques années, les bonnes plantes ont de la place pour s’installer et peuvent rester longtemps, en bonne santé et avec peu de concurrence. Dans les prairies et pâturages permanents, il est nécessaire de soigner régulièrement les parcelles pour que les plantes nuisibles ne s’installent pas et que les animaux continuent d’avoir une alimentation de qualité. C’est pourquoi, le soin aux prairies et aux pâturages est souvent un travail conséquent pour les agriculteurs et la lutte contre les mauvaises herbes est un combat régulier!
Et le soin aux prairies et pâturages, ça consiste en quoi?
Dans une certaine mesure, il s’agit de supprimer les mauvaises plantes et de favoriser les meilleures. Du coup, dans les prairies, on favorise la lutte plante par plante. Cela signifie que l’agriculteur utilise un produit phytosanitaire dans une petite pompe ou sous forme de granules et le dépose uniquement sur les plantes à enlever. Il existe également la lutte mécanique. Elle prend plus de temps et demande vraiment plus d’huile de coude. De plus il n’est pas toujours possible de pratiquer de cette manière si le sol est trop dur ou trop collant. Cette lutte mécanique est très astreignante pour les agriculteurs car il n’existe, pour l’instant, aucune machine pour effectuer ce travail et tout est réalisé à la main, avec des outils. Comme cette lutte est physique, il est souvent difficile de trouver des volontaires pour la réaliser à long terme.