Marchés à la ferme: un succès durable ou éphémère?

Marchés à la ferme: un succès durable ou éphémère?

Les marchés à la ferme, déjà appréciés par de nombreux citadins, ont rencontré une forte recrudescence pendant la période de confinement due à la COVID-19. Qu’en est‐il aujourd’hui? Les nouveaux clients sont‐ils restés fidèles ou ont‐ils repris leurs anciennes habitudes? L’Agence d’information agricole romande (AGIR) a interrogé trois agriculteurs, dans les cantons de Fribourg, Vaud et Genève pour prendre la température.

«Notre clientèle continue d’augmenter»

Marine Schafer, La ferme du Praz Bottey à Vuisternens (Fribourg)

«Depuis que nous avons ouvert notre point de vente en libre-service, il y a un an et demi, nous avons une clientèle qui est en constante augmentation. Nous avions commencé par une boite à œufs, puis nous avons élargi notre offre en proposant des confitures, des légumes de saison ou encore de la menthe séchée et du salami. Il y a une dizaine de mois, nous avons tué une première vache, et mis en vente la viande par portions individuelles sous vide. Les gens ont beaucoup apprécié. La deuxième bête que nous avons tuée a également eu un grand succès.

Durant la période de confinement, nous avons eu de nombreux nouveaux clients, mais il est difficile de chiffrer exactement lesquels sont dus à la crise sanitaire et lesquels à un accroissement naturel de notre courbe. Aujourd’hui, nous avons un peu moins de monde que ces derniers mois, mais c’est les vacances. Nous savons également que certaines personnes qui sont venues durant la période de la COVID-19 ne reviendront pas, par manque de temps ou autre. A l’inverse, il y en a qui nous ont découvert à cette occasion et qui vont rester clients. Nous avons donc plutôt l’impression d’être sur une pente ascendante. De nombreuses personnes apprécient d’avoir un contact direct avec les producteurs. J’adore ce lien, c’est ce qui me fait avancer dans l’agriculture.»

«Nous avons renoncé aux marchés en ville»

Steven Blanc, ferme à Bremblens (Vaud)

«Avant la COVID-19, nous faisions les marchés en ville avec mon père, plusieurs fois par semaine. Quand il a fallu tout arrêter, en raison des mesures sanitaires, nous avons improvisé et décidé de vendre nos produits à la ferme. Jusque-là, nous ne faisions pas de vente directe, si ce n’est à l’automne pour les pommes.

Comme nous disposions d’une roulotte pour les marchés en ville, nous l’avons tout simplement installée chez nous, à la ferme, en faisant de l’information via les réseaux sociaux.

Ça a très bien fonctionné. Durant le confinement, nous étions ouverts presque tous les jours. Environ 85% de nos clients habituels nous ont suivi; nous en avons également gagné de nouveaux. Ce qui nous a permis de faire les mêmes chiffres qu’auparavant, même un peu plus.

Côté produits, nous vendons les fruits et légumes que nous cultivons, nous proposons également du pain, de la viande ou encore des produits laitiers de producteurs locaux pour permettre aux clients d’avoir un peu tout au même endroit.

Ces derniers temps, il y un légèrement moins de monde, mais c’est les vacances. Et nous avons pris la décision de continuer la vente à la ferme et de ne plus nous déplacer sur les marchés en ville. C’est un petit risque, mais je pense que tout le monde est gagnant. Les clients apprécient de pouvoir faire leurs achats en se parquant devant, et nous, nous perdons moins de temps dans les déplacements et la mise en place. Nous sommes confiants pour la suite. Si l’on soigne bien les clients et qu’on leur propose des produits de qualité à un prix correct, il n’y a pas de raison que ça s’arrête.»

«Notre activité a été multipliée par 7»

Stéphanie Veillet, La Ferme du Lignon (Genève)

«Durant la période de confinement, nos ventes ont été multipliées par sept. Notre ferme se situe en milieu urbain, dans un quartier à forte densité, ce qui a facilité l’arrivée de nouveaux clients. Vu l’affluence, nous avons agrandi notre magasin, passé de trois jours d’ouverture à une ouverture quotidienne et mobilisé une personne supplémentaire pour la vente, tout en augmentant la variété de nos produits. Nous proposons des légumes, ainsi que des petits fruits, des œufs et du vin que nous produisons. Nous complétons cette offre avec du fromage, des produits laitiers, un peu de viande et différents articles d’épicerie en provenance de divers producteurs locaux.

Nous avons également un service de vente d’œufs à domicile, qui a fortement augmenté durant le confinement, puisque nous sommes passés de 200 à 400 clients.

Aujourd’hui, la courbe est en baisse… Mais il est encore trop tôt pour tirer un bilan, d’autant que c’est les vacances, et qu’on ne sait pas comment la situation sanitaire va évoluer dans les prochains mois. Cela étant, ceux pour qui la priorité est d’acheter les produits le moins cher possible sont retournés dans les grandes surfaces. Quant à ceux qui venaient de plus loin, et qui avaient du temps pour eux durant le confinement, ils nous avaient déjà averti qu’ils ne pourraient plus venir lors d’un retour à la normal. Malgré tout, je pense qu’au final, on aura quand même gagné de nouveaux clients réguliers pour qui la fraîcheur et la qualité des produits sont des priorités

Article paru sur agirinfo.com (propos recueillis par Pascale Bieri/AGIR).

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