Mesures de protection contre les attaques du loup

Mesures de protection contre les attaques du loup

Seul ou en meutes, le loup sévit dans les Alpes et le Jura vaudois. Il attaque les moutons, les chèvres et, phénomène nouveau depuis l’année passée, les bovins lorsqu’ils paissent sur les pâturages de montagne. En cas d’attaque, l’indemnisation des éleveurs pour la perte de leurs bêtes ne se fait que si une protection est en place. Qu’il s’agisse d’empêcher le prédateur d’accéder aux bêtes, de l’effaroucher, de modifier son comportement ou de l’abattre, les actions possibles en Suisse ne sont jamais des garanties absolues et consistent plutôt à tenter d’éviter des dégâts trop importants. Mais quelles sont ces mesures et à quel point sont-elles efficaces?

Empêcher le loup d’accéder au troupeau

Pour empêcher le loup de nuire au bétail, on peut utiliser des clôtures et des filets, idéalement électrifiés. Les filets sont rapides à déployer pour délimiter un espace de pâture ou un parc de nuit à l’abri des prédateurs. Les clôtures, plus solides, sont réservées pour les espaces fixes. Ces protections fonctionnent assez bien mais les loups peuvent apprendre à les passer et elles compliquent la circulation de la faune et des promeneurs.

Des clôtures électrifiées permettent de protéger les troupeaux. © JF Dupertuis
Des clôtures, idéalement électrifiées, permettent de protéger les troupeaux © JF Dupertuis

L’installation dans les lieux escarpés et élevés est en outre complexe et difficile. La solution du bâtiment en dur (étable ou bergerie) est la plus radicale et met les animaux à l’abri de toute prédation. Les conditions de vie y sont cependant moins idéales pour les bêtes en empêchant la stabulation libre. De plus, la surface pâturée totale s’en trouve réduite puisque les pâturages plus éloignés ne peuvent plus être accessibles.

Finalement, l’abandon d’estives, c’est-à-dire ne plus emmener les bêtes paître dans les montagnes, empêche de facto le loup d’accéder au troupeau. Il montre néanmoins une défaite vis-à-vis du loup. Cet abandon est bienvenu pour les sympathisants pro-loup, pour qui le loup a droit à des territoires car «il était là avant l’homme».

Effaroucher le loup ou modifier son comportement

Les bergers présents à l’estive peuvent effaroucher les loups. N’oublions néanmoins pas qu’ils sont là pour assurer la ration alimentaire des brebis et non surveiller le troupeau jour et nuit. Pour les bovins, la présence humaine est rare, c’est pourquoi une présence spécifique contre le loup implique une personne supplémentaire, ce qui s’avère plus coûteux. Pour pallier à cela, l’association suisse Oppal met à disposition des bénévoles qui restent sur les alpages. Cependant, les loups sont de moins en moins effrayés par les humains ce qui rend cette protection progressivement moins efficace,

Les chiens de protection sont le pilier de la protection des troupeaux. Ils gardent le troupeau, repèrent le loup et signalent sa présence au berger. Certains chiens vont au contact du loup pour se battre et dans les pires scénarios, y perdre la vie. Néanmoins, les chiens posent des problèmes car, sans éducation ni socialisation régulière, ils peuvent attaquer les promeneurs, leurs chiens et la petite faune locale.

Les bergers et leurs chiens pour protéger les troupeaux des attaques de loup
Les bergers et leurs chiens protègent les troupeaux des attaques de loup © JF Dupertuis

Des ânes ou alpagas gardiens ont été présentés comme solution-miracle pour les troupeaux de moutons mais cette solution comporte ses défis, D’une part, l’efficacité variable de l’âne et d’autre, la courte durée de l’effet «nouveauté» de l’alpaga. Ces animaux sont également des victimes du loup, comme les chevaux. L’autre idée récente de «remettre des cornes aux vaches» à l’estive pose les problèmes inhérents à la présence de cornes chez les vaches. La présence de vaches adultes pour protéger les veaux et les génisses est néanmoins une solution prometteuse.

Il existe des dispositifs analogues aux épouvantails: les «fladrys», bandes colorées sur un fil (électrifié ou non), qui font appel au réflexe de néophobie (peur de la nouveauté) du loup. Leur utilité est discutée et ils semblent surtout intéressants comme «première protection» quand le loup colonise une nouvelle zone.

Fladry, une mesure de protection contre le loup © saugiavis.lt
Les fladrys, une mesure de protection contre le loup © saugiavis.lt

D’autres dispositifs «épouvantails» sont les fox lights, des dispositifs lumineux qui simulent une présence humaine. Pour défendre les brebis, il existe aussi des colliers répulsifs à ultrasons qui émettent des sons désagréables dès que les capteurs du collier mesurent une situation de détresse chez la brebis.

Modifier le comportement du loup en refaisant de lui un «animal sauvage», c’est ce que souhaitent éleveurs et bergers.

En effet, un loup qui chasse surtout le bétail et s’approche des maisons n’est à leur sens pas «naturel». Il convient donc de lui redonner la «peur de l’humain» au moyen de tirs d’effarouchement, en «punissant une meute» qui a fait trop de dégâts localement au moyen du tir d’un ou plusieurs individus ou en défendant avec les chiens de protection et les barrières électrifiées.

Une bergère guide son troupeau avec l'aide de son chien. © JF Dupertuis
Une bergère guide son troupeau avec l’aide de son chien © JF Dupertuis

Tuer le loup

Pendant un siècle, le loup n’a fait aucun dégât au bétail en Suisse car il était absent. Le loup est protégé par la Convention de Berne, dont l’article 9 prévoit néanmoins des exceptions pour tirer des animaux si les mesures de protection se révèlent inefficaces. Cela permet à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) de délivrer des autorisations de tir selon des critères précis.

Le tir est efficace, selon le biologiste Jean-Marc Landry, pour éliminer des individus qui ont appris des traits problématiques comme sauter par-dessus les protections ou attaquer les bovins. On évite ainsi la transmission à d’autres loups ou une dispersion géographique. Les tirs «à l’aveugle» sont accusés par les pro-loups de déstructurer les meutes, ce qui peut selon eux accroître la pression prédatrice.
Pour les anti-loups, les tirs permettent de limiter la pression (en diminuant le nombre de loups) et de faire peur au loup, ainsi que de leur montrer que l’homme est dangereux pour lui. Ils ont aussi un effet psychologique en montrant que l’on fait quelque chose contre les prédations.

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